A la fin de l'année 1870, fuyant la guerre franco-prussienne,
Claude Monet, qui a trente ans, s'installe à Londres où
il va demeurer plusieurs mois ; c'est là qu'il découvre
les oeuvres de William Turner (1775-1851), notamment celles, exposées
à la National Gallery, appartenant au legs fait par le peintre
à la nation britannique. A la même époque, il visite
probablement l'atelier de James Whistler (1834-1903), où il peut
voir les premiers "
Nocturnes " de l'artiste d'origine
américaine ? lequel, très jeune, lors de ses premiers séjours
à Londres, s'était lui aussi intéressé à
l'uvre de Turner. Il se peut que Monet ait eu également connaissance
des vues de la Tamise gravées par Whistler entre 1859 et 1861,
et reprises dans un recueil publié au printemps 1871. Quoi qu'il
en soit, l'artiste français peint au cours de cette période
trois vues de la Tamise dans le brouillard.
Les oeuvres de Turner et de Whistler ont eu ainsi une influence certaine,
quoique difficile à définir précisément, sur
le peintre qui allait devenir le père de l'impressionnisme, et
notamment sur le célèbre tableau "
Impression, soleil
levant" (Paris, musée Marmottan-Monet), une vue de la
Seine au Havre peinte en 1872-1873, dont le titre fut à l'origine
du nom donné, par raillerie, à ce nouveau mouvement pictural.
Plus tard, une véritable et durable amitié s'établit
entre Whistler et Monet, les deux artistes s'entraidant pour exposer leurs
oeuvres à Paris et à Londres. Ainsi, grâce à
Monet, les Parisiens purent découvrir un ensemble de peintures,
d'aquarelles et de pastels de Whistler à l'Exposition internationale
qui se tint à la galerie Georges Petit en mai-juin 1887 ; ainsi,
grâce à Whistler, des tableaux de Monet firent l'admiration
des Londoniens à la Royal Society of British Artists en novembre-décembre
de la même année.
S'inscrivant à la suite de Turner et de Whistler, Monet va s'attacher
à représenter ce qu'il appelle lui-même des "
effets de brouillard " sur la Tamise et sur la Seine. Au-delà
de l'aspect proprement esthétique correspondant à ses recherches,
ces oeuvres traduisent la pollution du ciel (souvent observée par
les contemporains du peintre) noyé par les fumées sortant
de hautes cheminées d'usine. Monet reprendra ce motif, d'une manière
extraordinaire, quelque vingt-cinq ans plus tard, lors de ses séjours
à Londres, dans de véritables " campagnes de peintures
" qui constituent l'un des sommets de son oeuvre
L'exposition ? qui' regroupe une centaine d'uvres ? permet d'étudier
les relations et l'évolution entre les premiers tableaux de Monet
inspirés par la Tamise, en 1871, et les " séries "
qu'il peignit à Londres en 1899, 1900 et 1901 (avec les motifs
du pont de Charing Cross, du Parlement et du pont de Waterloo) à
la lumière de nombreuses peintures, aquarelles et gravures de Turner
et de Whistler. Une même confrontation met en présence des
oeuvres réalisées par les trois maîtres à Venise,
où Monet se rendit en 1908 ; les vues que ce dernier peignit alors
des palais du Grand Canal et de l'île San Giorgio Maggiore évoquent
directement celles de Londres exécutées quelques années
auparavant...
propos recueillis par Patty RICHARDSON
Cette exposition - dont la clôture a été fixée
pour le 17 janvier 2005- a été organisée par la
Réunion des musées nationaux et le musée d'Orsay
(Paris), le musée des Beaux Arts de l'Ontario (Toronto) et la
Tate Britain (Londres)
L'expositionn à Paris est organisée avec le soutien de
ABN AMRO.
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TURNER WHISTLER MONET
ESPAÑOL
A fines de 1870, a fin de huir de la guerra franco-prusiana, Claude
Monet, que tenía treinta años de edad, se refugió
en Londres, donde permaneció varios meses, que le bastaron para
descubrir las obras de Willliam Turner (1775-1851), en especial las
expuestas en la National Gallery, las cuales formaban parte de un legado
que hiciera el pintor a la nación británica. En esa misma
época, quizás visitó el taller de James Whistler
(1834-1903), donde pudo apreciar los primeros "Nocturnos"
de ese artista oriundo de Estados Unidos que, muy joven, durante sus
primeras visitas a esa capital, también se interesó por
la obra de Turner.Asimismo, es posible que Monet haya visto los grabados
del Támesis, realizados por Whistler entre 1859 y 1861, e incluidos
en un fascículo publicado en la primaverra de 1871. En todo caso,
el artista francés pintó, durante ese periodo, tres cuadros
que muestran al célebre río envuelto en la niebla.
Fue así como las obras de Turner y de Whistler ejercieron una
tan indiscutible como indefinible influencia sobre el pintor que iba
a convertirse en el padre del impresionismo y, en especial, sobre el
célébre lienzo "Impression, soleil levant"
(Impression, salida del sol) conservado en el museo Marmottan-Monet
de París. Pintado entre 1872-1873, ese cuadro, que presenta un
paisaje del Sena, a la altura del puerto de Le Havre, fue el que inspiró
a un crítico, acérrimo partidario del academismo, la burla
que dio el nombre de " impresionismo " al nuevo movimiento
pictórico.
Una auténtica y duradera amistad se forjó entre Whistler
y Monet. Ambos se ayudaron mutumente, a fin de exponer sus obras en
Paris y en Londres. Gracias à Monet, los parisienses descubrieron
un conjunto de pintuiras , de acuarelas y de pasteles de Whistler en
la exposición internacional que se realizó en la galería
Georges Petit en mayo-junio de 1887 .Por su parte, merced al empecinamiento
de Whistler, varios cuadros de Monet recogieron los elogios de los londinenses
en la Royal Society of British Artists, en noviembre-diciembre del mismo
año.
Siguiendo la ruta abierta por Turner y por Whistler, Monet se propuso
representar lo que él mismo llamaba " efectos de niebla
" sobre el Támesis y el Sena. Independientemente del aspecto
estético vinculado con sus búsquedas, esas obras reflejan
la contaminación del cielo (a menudo observada por los contemporáneos
del pintor) cubierto por el humo que sale de las altas chuimeneas de
las fábricas. Alrededor de un cuarto de siglo más tarde,
Monet volverá a tratar ese motivo, con ejemplar maestría,
durante sus frecuentes viajes a Londres, en las " campañas
pictóricas ", que constituyeni' una de las cumbres de su
obra
* Esta exposition - que se clausurará el 17 de enero de 2005
- fue organizada por la Reunión de Museos nacionales y el museo
de Orsay (París), el museo de Bellas Artes de Ontario (Toronto)
y la Tate Britain (Londres). La exposition de París fue organizada
con el apoyo de ABN AMRO.
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TURNER - WHISTLER - MONET
ENGLISH
In the end of the year 1870, fleeing the war free-Prussian, Claude
Monet, who is thirty years old, settles in London where it will remain
several months; they is there that it discovers works of William Turner
(1775-1851), in particular those, exposed to the Gallery National, pertaining
to the legacy made by the painter with the British nation. At the same
time, he probably visits the workshop of James Whistler (1834-1903),
where he can see the first Night ones of the artist of American
extraction - which, very young person, at the time of its first stays
in London, was him also interested in the work of Turner. It
may be that Monet was informed also of the sights of Tan- engraved by
Whistler between 1859 and 1861, and included in a collection published
in spring 1871. At all events, the French artist painted during this
period three sights of the Thames in the fog.
Works of Turner and Whistler had thus an unquestionable influence, though
difficult to define precisely, on the painter who was going to become
the father of impressionism, and in particular on famous table Impression,
sun raising (Paris, museum Marmot tan- Monet), a sight of the Seine
in Le Havre painted in 1872-1873, of which the conceited title at the
origin of the name given, by mocking remark, with this new pictorial
movement. Later, true and durable friendship is established between
Whistler and Monet, the two artists helping to expose their works in
Paris and London. Thus, thanks to Monet, the Parisian ones could discover
a whole of paintings, watercolours and pastels of Whistler to the International
exhibition, which was held with the gallery George Petit in May-June
1887; thus, thanks to Whistler, of the tables of Monet made the admiration
of the Londoners in Royal Society of British Artists in November-December
of the same year.
Being registered following Turner and of Whistler, Monet will endeavour
to represent what he calls itself of the "effects of fog"
on the Thames and the Seine. Beyond the properly aesthetic aspect corresponding
to its research, these works represent the pollution of the sky (often
observed by the contemporaries of the painter) drowned by the fume leaving
high factory chimneys. Monet will take again this reason, in an extraordinary
way, some twenty-five years later, at the time of his stays in London,
in true "painting campaigns" qui' constitute one of the tops
of his work
The exposure - qui' gathers a hundred works - makes it possible to study
the relations and the evolution between the first tables of Monet inspired
by the Thames, in 1871, and the "series" which it painted
in London in 1899, 1900 and 1901 (with the reasons of the bridge of
Charring Cross, the Parliament and the bridge of Waterloo) in the light
of many paintings, watercolours and engravings of Turner and Whistler.
The same confrontation puts in the presence of the works carried out
by the three Masters in Venice, where Monet went in 1908: the sights
that this last then painted palates of the Large Channel and island
San Giorgio Maggiore evoke those of London directly carried out a few
years before.
* This exposure will be closed on January 17, 2005. This exposure
is organized by the Meeting of the national museums and the museum of
Orsay, the museum of Beautiful, Arts of Ontario (Toronto) and Tate Britain
(London). The exposition in Paris is organized with the support of ABN
AMRO.